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Le blog Geiq
Auvergne-Rhône-Alpes

Concilier entreprise performante et engagement bénévole, c’est possible : le PDG de XEFI bouscule les codes

Publié le 1 octobre 2025

À l’occasion de l’assemblée générale du comité régional des GEIQ AuRA, le 20 juin dernier, Sacha Rosenthal, PDG de XEFI, a exposé sa vision de l'entreprise performante et engagée. À l’issue de son témoignage, il nous a accordé une interview exclusive au cours de laquelle il démontre que le bénévolat peut être compatible avec un statut de dirigeant, sans diminuer la performance de la structure.

Sacha Rosenthal est un homme de conviction. Triathlète aguerri, il applique la même philosophie à la gestion de son entreprise qu'à sa discipline : aller à l’essentiel, sans détour, ni faux-semblant.

Sacha Rosenthal, merci pour cette conférence très inspirante sur l’entreprise performante et ses trois piliers (projet, qualité d’exécution et valeurs). J’ai envie de vous poser cette question pour commencer : qui êtes-vous ?

J'ai 54 ans, je suis marié à Agnès, ma compagne depuis trente-six ans et ma collaboratrice depuis vingt-huit ans. Nous avons deux enfants, Emma, 23 ans, qui a rejoint Xefi, et Anton, 16 ans.

Mon parcours est simple : je suis un autodidacte. Déscolarisé à 15 ans, je n’ai pas le bac, mais j'ai toujours été passionné par le commerce, les nouvelles technologies et, très tôt, l'informatique.

En 1995, je me suis lancé comme technicien informatique indépendant, et en 1997, j'ai créé CFI, qui est devenu Xefi.

J'ai bâti cette entreprise avec une seule idée en tête : servir.

Servir nos clients, bien sûr, mais aussi les hommes et les femmes qui composent Xefi.

Je crois en la création de valeur durable pour tous.

J'ai toujours tout autofinancé. J’ai réinvesti chaque euro gagné pour rester totalement indépendant, sans fonds extérieurs, ni banques au capital.

Sacha ROSENTHAL, pdg du groupe XEFI

Aujourd’hui, nous sommes 2 000 collaborateurs. Notre réseau compte 201 agences de proximité au national et à l’international, dont des franchises et 6 datacenters en Auvergne-Rhône-Alpes PACA.

Nous accompagnons 25 000 TPE/PME.

En dehors du travail, j’aime le sport, en particulier le triathlon, l’entrepreneuriat et les nouvelles technologies. Ces passions m'ont toujours guidé : comme dans le sport, je gère mon entreprise en allant droit au but, avec pragmatisme, pour atteindre mes objectifs.

Je suis également engagé dans des associations liées au sport ou à l’entrepreneuriat. Depuis 17 ans, j’interviens auprès d’entrepreneurs ou présidents d’associations (centre ADE - Accompagnement et Développement des Entreprises -, Lyon Start Up…). Ma mission est d’accompagner les entrepreneurs, collaborateurs et partenaires vers la performance durable. J’estime que c’est important de soutenir les autres gracieusement dans ma zone de compétences.

Au-delà de votre rôle de PDG, vous êtes très investi dans le milieu associatif, pourquoi et que vous apporte cet engagement concrètement ?

Je pense que cet investissement répond à ma vision humaniste du rôle du dirigeant, où performance et utilité sociale vont de pair. Je veux une entreprise responsable, inclusive et pleinement actrice de son territoire. C’est pour cette raison que je soutiens activement des projets autour de l’insertion, de la formation et de l’égalité des chances.

Je m’engage dans des associations au sein desquelles je me considère légitime, comme l’aide à l’entrepreneuriat. J’y consacre un jour à un jour et demi par semaine. J’assiste également des sportifs de haut niveau.

Ma conviction est qu’un chef d’entreprise peut et doit aussi être un acteur engagé au service du bien commun. Mon objectif est que chacun ait les moyens d’entreprendre sa vie et puisse ainsi se réaliser, quel que soit son parcours, tout comme j’ai pu et su le faire à mon échelle.

L’engagement, c’est de l’investissement, en termes de loyauté, de respect et de confiance.

À mon sens, la parole fait acte : on peut compter sur une personne engagée. Il est essentiel de dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit. Je préfère dire « je rappelle demain à 15h », plutôt que « je vais le faire », vous voyez la différence ? Prendre date est un engagement simple, mais extrêmement fort.

Mon investissement associatif me permet une connexion technique et philosophique avec les autres.

On ne perd pas son temps quand on s’engage, on gagne en maturité et en compréhension. Cela sert ma performance, c’est-à-dire mon épanouissement. Pour moi, quand on est performant dans ce que l’on fait, on est épanoui.

Comment cela enrichit-il votre perspective et votre posture de dirigeant ?

Mon implication m’oblige à devenir meilleur. C’est un véritable challenge intellectuel.

Lorsque j’analyse a posteriori ce que cela m’apporte, je me rends compte que je m’améliore car l’accompagnement oblige à se regarder et à progresser sur de nombreux plans : bien-être, performance personnelle et professionnelle. J’ai gagné en crédibilité notamment.

Sortir de son environnement quotidien, voir d’autres cas, participer à d’autres visions plus globales, permet de prendre de la hauteur et de mieux comprendre sa propre organisation.

Depuis, je vais plus vite, plus à l’essentiel. Je sais mieux où je vais, avec plus de clarté.

Je dirais que cet engagement me nourrit. Cela m’a fait grandir et fait grandir mon entreprise avec un réel impact sur son organisation.

Par exemple, je suis le premier formateur de XEFI. Mais mes collègues s’investissent aussi dans la formation interne et celle d’autres entrepreneurs ou de présidents d’associations. Je suis convaincu qu’un dirigeant doit montrer l’exemple et ouvrir la voie à ses collaborateurs.

Pensez-vous que cette participation bénévole amène des défis différents de ceux d’une entreprise ?

Non, ce sont les mêmes défis, ce qui n’est pas toujours compris par les membres d’une association. On ne peut pas opposer l’économie et la cause.

Pour moi, qu’on soit une entreprise ou une association : l’économie sert la cause.

Une association doit aussi s’appuyer sur un business model pour répondre à sa mission. Elle doit fonctionner comme une entreprise avec une bonne organisation, être performante et ambitieuse.

Il ne faut pas oublier que tout commence par une vente pour une association aussi : elle doit vendre des projets, aller chercher des financements, recruter des adhérents et des bénévoles pour exister.

Sacha ROSENTHAL,grand témoin de l'AG des Geiq Auvergne Rhône-Alpes

En définitive, c’est un schéma simple : plus je vends, plus je produis, plus je crée de la richesse et plus je développe mon entreprise. In fine, c’est le même modèle à suivre pour une association.

Qu’on dirige une entreprise ou une association, il faut se concentrer sur l’augmentation de compétences dans les domaines essentiels, c’est-à-dire performer en commerce puisque la capacité de vendre est la base de tout, en production pour proposer des services qualitatifs et avoir une gestion impeccable. Chez XEFI, j’accorde une importance capitale à la maîtrise du compte de résultat. Il est par ailleurs partagé avec tous les collaborateurs. Tout le monde sait où on en est et où on va. Cette transparence me paraît essentielle pour une gestion saine et l’implication de tous.

C’est le même principe pour une association. Je trouve que les fondamentaux d'organisation associative et d'entreprises sont les mêmes.

Finalement, gérer une entreprise est très proche de gérer une association. Pourquoi, selon vous ?

Quand on dirige une association à but non lucratif, cela ne veut pas dire qu’elle ne peut pas gagner d’argent. Je me répète mais l’argent sert la cause. C’est ce qu’on fait de l’argent qui fait qu’on est dans la cause ou pas. Ne pas avoir de modèle économique, c’est ne pas servir sa cause. Amplifier son modèle économique et sa performance, c’est l’impact de sa cause. L’économique n’est pas antinomique avec la notion humaine. L’humain fait la croissance, que ce soit dans une entreprise ou dans une association.

Quand j’étais président du réseau "Entreprendre Rhône et région Rhône-Alpes", en trois ans, le réseau a doublé sa capacité de financement, son nombre de lauréats donc d’entreprises accompagnées, le financement de chaque entreprise et son nombre de collaborateurs. On a appliqué la même méthodologie avec la même vision de l’entreprise performante.

Si je résume, il faut bien définir ses valeurs d’entreprise et l’offre doit servir à l’enrichissement de l’organisation. Pour bien vendre, il est nécessaire d’identifier ses points forts et de s’entraîner à traiter les objections du client, de l’adhérent ou du financeur.

Ce sont des mécanismes qui fonctionnent dans toutes les structures.

Quelle est votre méthode pour tout concilier ?

Je tiens particulièrement à l’exemplarité, la bienveillance, l’exigence et le partage formel ou informel. Attention, partager n’est pas forcément co-construire. Soyons réalistes, on n’a pas toujours le temps de co-construire. La co-construction permanente, ça ne marche pas ; le partage si. Bien sûr, il y a une hiérarchie. Sans hiérarchie, c’est le bazar. Cependant, je reste le plus proche possible et j’évite la hiérarchie avec 1 000 échelons. Nous sommes 2 000 collaborateurs. Je suis maximum le N+2 ou 3 de tout le monde. Au-delà, ça ne fonctionne pas.

Comme je l’ai expliqué plus tôt, je fais confiance à mes collègues et je les implique dans tous les rouages de XEFI. C’est grâce à cela que mon entreprise tourne.

J’ai mis en place des méthodologies simples et surtout partagées, c’est ce qui change tout.

Je ne connais pas la solitude du dirigeant. Je ne suis jamais seul, puisque je partage tout : les process, le pourquoi, la stratégie, mes difficultés, etc. Cela est primordial pour me libérer du temps et m’engager dans le milieu associatif et sportif.

L’entreprise reste un bien commun. Chacun y trouve son intérêt différent. On fait prendre leurs responsabilités aux collaborateurs, cela les fait grandir. Je les rends le plus autonomes possible dans la compréhension de la stratégie et du travail et, par voie de conséquence, ça me libère. Je dis souvent qu’1+1=3 : à 2, on fait le travail de 3. Je tiens à préciser que ce n’est pas faire à la place de l’autre. L’objectif est de le faire évoluer. J’ai tellement partagé cette entreprise, que c’est la leur (pas forcément en termes de capital). On reste une entreprise familiale.

Quel lien voyez-vous entre la gestion de votre entreprise et celle des Geiq ?

Pour XEFI, nos fondamentaux sont clairs : l'accompagnement, la rapidité, l'engagement et l'élégance.

Ces principes entrent en résonance directe avec la philosophie des Geiq.

La structure des Geiq, axée sur la gouvernance participative et l'engagement, illustre parfaitement comment les valeurs se traduisent en actions concrètes pour une performance durable.

Une entreprise performante s’engage dans son environnement, tout comme les Geiq dans leur territoire.

Le modèle des Geiq prouve que l'économie peut servir une cause sociale, l'une nourrissant l'autre.

Au final, l'organisation est toujours composée d'humains et le management est le même pour tous.

C'est universel : on crée de la valeur pour servir sa cause. L'humain est au cœur de tout. Un projet impactant va avec des gens engagés.

Les Geiq Auvergne Rhône-Alpes, engagés au service de l'emploi

Pour un dirigeant qui hésite à s’engager dans un CA, peut-être par manque de temps ou crainte d’une charge supplémentaire, voyez-vous des bénéfices concrets que cela peut lui apporter tant sur le plan professionnel que personnel ?

L'idée reçue d'un manque de temps ou d'une surcharge est souvent un frein à dépasser. Je fais 12 à 15h de sport par semaine, je consacre près d’un jour et demi à des entrepreneurs et je dirige une entreprise avec une forte croissance. C’est donc possible de tout concilier.

S’investir, c’est progresser.

À mes yeux, si la personne donne du temps, mécaniquement son organisation progressera.
De mon côté, cela m'a poussé à mieux organiser ma propre entreprise, mieux collaborer et à la fin, gagner du temps. On est obligé de mettre en place des processus clairs. Pour moi, l'organisation est la clé de voûte de la performance.
J’ai, par exemple, appris à mes équipes à fermer à 18h et à ne pas faire d’heures supplémentaires car être organisé rend plus performant. Une entreprise performante est concentrée sur l’humain, l’engagement, les valeurs d’entreprise. C’est indispensable d’aligner ses actions sur sa mission.

J’ai eu le déclic en 2004. À ce moment, j’ai vécu une période de surmenage.
À l’époque, XEFI regroupe 40 collaborateurs. Je m’investis 7 jours sur 7.
Moi qui ai toujours été sportif, j’arrête toute activité sportive. Je me rends compte que je m’épuise littéralement et que ce n’est pas la solution pour avoir une entreprise performante. Je prends une décision. Je réintroduis le sport à hautes doses dans ma vie, je change d’organisation et je délègue davantage. Ce changement génère un cercle vertueux : plus d'organisation, plus de performance. Ce n'est pas parce qu'on travaille beaucoup qu'on est plus performant. La rapidité et l'exigence sont maintenues, mais l'efficacité est optimisée par une délégation méthodique. Chaque année, je revois ma liste de tâches pour transférer ce qui n'est plus de ma responsabilité. Et ça marche !

Pour déléguer efficacement, la confiance est la clé : confiance en soi pour maîtriser et transmettre son sujet, confiance envers les collaborateurs et confiance en l’entreprise. La confiance impose la transparence des deux côtés. Aucun collaborateur ne peut travailler sans confiance.
Il faut savoir dire non aussi.

Je pense que la performance globale, professionnelle et personnelle, amène l’épanouissement parce qu’on est au bon endroit.