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Le blog Geiq
Auvergne-Rhône-Alpes

Geiq Mer et Montagne : aller de l’avant après la crise du Covid

Publié le 28 avril 2023

Interview de Julie Poccard-Chapuis, Directrice

Le nombre de Geiq signataires de la Charte régionale des Geiq AURA, labellisés par la Fédération française des Geiq, s’élève à plus de 30 en 2023. A y regarder de plus près, on se rend compte qu’il existe une grande diversité parmi eux, que ce soit en termes de secteur d’activité, de territoire ou d’organisation. Respecter le cahier des charges commun à tous les Geiq de France tout en s’adaptant à la réalité du terrain : voilà le secret de la réussite du dispositif et la clé vers la résilience, quelles que soient les difficultés rencontrées. A cet égard, la crise du Covid a été une épreuve pour tous. Nous avons interrogé Julie POCCARD CHAPUIS, Directrice du Geiq Mer et Montagne et du Geiq PAF (Pluriactivité Action Formation), en Savoie, pour en savoir plus sur la manière dont un Geiq exclusivement tourné vers les métiers du tourisme s’adapte et rebondit face aux coups durs.

Julie POCCARD CHAPUIS

Julie, pouvez-vous nous présenter le Geiq Mer et Montagne, également appelé Geiq 2M ?

Le Geiq 2M - Mer et Montagne - porte ce nom tout simplement car notre activité, principalement tournée vers le secteur du tourisme, concerne à la fois la mer et la montagne. Plus concrètement, notre siège social est situé à Aime-La Plagne, dans les Alpes, avec une antenne à Antibes-Juan les Pins. Nous proposons des contrats de professionnalisation et d’apprentissage, liés à la saisonnalité : d’octobre à avril pour la saison d’hiver et de mars à octobre pour la saison d’été.

Quels sont les métiers proposés par Geiq Mer et Montagne ?

11 métiers sont concernés, dans les secteurs de l'hôtellerie, la restauration, le sport, le bien-être, les loisirs. On peut en trouver la liste précise sur notre site : www.geiq-2m.com.
Nous proposons des contrats de professionnalisation et d’apprentissage d’une durée de 6 mois, comportant 7 semaines de formation consécutives sur les plateaux techniques, suivies de 19 semaines en entreprise chez nos adhérents.

Comment organiser la saisonnalité sur 2 territoires éloignés, concrètement ?

Le siège administratif est à Aime-La Plagne, en Savoie. Notre équipe support est composée d’une quinzaine de personnes, avec comme fonctions : RH, comptabilité-paie, juridique, une équipe chargée du recrutement, et un community manager. Sans oublier un chargé de recrutement à temps plein dans le Sud, avec lequel je suis en contact quotidien. L’équipe est régulièrement présente dans le sud pour accompagner le chargé de recrutement. L’UMIH, le Syndicat des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie nous met à disposition des espaces de travail.  Nous disposons également d’un espace de coworking à Sophia Antipolis.

Je suis également Directrice du Geiq PAF, dont les seuls adhérents sont syndicats locaux de l'École Française de Ski (ESF). Ce Geiq, complémentaire de Geiq Mer et Montagne, forme au monitorat de ski via des contrats de professionnalisation et au titre de Chargé d’Accueil Touristique et de loisirs via un contrat d’apprentissage. En 2022-2023, nous comptons une quarantaine de salariés pour une vingtaine d’adhérents.

L’équipe support de Geiq 2M à Aime-La Plagne travaille également, selon un certain pourcentage, pour Geiq PAF.

Comment rebondit-on après le Covid et aux autres problèmes liés à vos domaines d’activité, comme le manque d’enneigement des stations ?

Avant la crise sanitaire, nous avions 300 contrats pour une centaine d’adhérents. Le Covid a représenté deux années blanches pour nous. Dans les stations de ski, tout le monde était au chômage partiel. Durant cette période, nous avons principalement fait du travail administratif, nous assurant notamment que les stagiaires puissent rentrer chez eux. L’équipe support été remarquable : nous avons maintenu le lien, tout en nous projetant dans l’avenir, ce qui est important pour aller de l’avant.

Aujourd’hui nous sommes en phase de rebond. Nous n’avons pas encore retrouvé les chiffres d’avant Covid, mais nous sommes tout de même à 180 salariés pour une soixantaine d’adhérents. Certes il y a des difficultés liées au manque d’enneigement, mais plus largement il y a des problèmes de recrutement dans l’hôtellerie et la restauration au niveau national.

Comment faites-vous pour attirer les candidats ?

Nous participons à des salons, à des événements thématiques, nos chargés de recrutement sillonnent la France, intervenant dans les Missions locales, organisant des job datings et des rencontres pour faire connaître notre dispositif et notre action.

Nous ne recrutons pas avant 18 ans. Nous avons observé depuis la crise du Covid qu’une part grandissante de nos candidats sont des personnes de plus de 40 ans en reconversion professionnelle, reconversion provoquée indirectement par cette crise sanitaire et les changements induits dans le monde du travail. Ce sont souvent des personnes très motivées.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les recruteurs et quelles sont les réponses apportées par Geiq Mer et Montagne ?

Il y a actuellement  une forte tension, au niveau national, dans les recrutements des métiers de l’hôtellerie et la restauration. Il y a un manque de candidats. Face aux difficultés rencontrées par les employeurs, nous mettons en place une stratégie de formations sur mesure. Par exemple, nous avons créé l’été dernier un module spécifique pour Relais et Châteaux, avec 7 semaines de formation spécifique sur plateaux techniques et 19 semaines dans des structures labellisées Relais et Châteaux.

Les territoires concernés - la montagne et la mer - ont-ils un impact sur votre action en tant que Geiq ?

Non, pas vraiment. C’est l’activité de nos adhérents et leurs attentes qui guident notre action au quotidien. C’est ce qui nous rend créatifs, en proposant des contrats de professionnalisation à titre expérimental, du sur-mesure pour répondre aux besoins des entreprises. On aurait le même type de démarche si on était installés à la campagne. C’est sûr que certaines spécificités nous impactent, ainsi que l’ensemble du secteur, comme le manque d’enneigement dans les stations, mais on s’adapte. On s’adapte en permanence, il n’y a pas de solutions toutes faites. Ce qui est très important, c’est la motivation des candidats. Avec de la motivation, on peut faire de très belles choses !

Quels sont vos liens avec les autres Geiq de la région et au niveau national ?

Nous entretenons de bonnes relations avec la Fédération nationale des Geiq. J’essaie également de participer régulièrement aux réunions du Comité régional des Geiq AURA, mais aussi celles des Geiq de PACA, quand j’arrive à me libérer. Il faut gérer l’emploi du temps au mieux.

Pour conclure, êtes-vous confiante ?

Oui, il faut rester positif. Après une période difficile, nous repartons, avec de bons indicateurs en nombre de salariés et d'adhérents. Mais la conjoncture reste compliquée notamment dans l'hôtellerie et la restauration. Ce qui est vraiment important, c’est la motivation des candidats. Avec des personnes motivées, on arrive à de beaux résultats.