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Le blog Geiq
Auvergne-Rhône-Alpes

L’EPIDE de Meyzieu : aider les jeunes à croire en eux

Publié le 19 décembre 2023

Accompagner les jeunes de 17 à 25 ans dans leur insertion professionnelle et sociale en leur proposant un cadre structurant : voilà la mission de l’EPIDE - Établissement Pour l'Insertion dans l’Emploi. Créé en 2005, ce type d’établissement a essaimé dans toute la France métropolitaine : il existe actuellement  20 centres EPIDE, bientôt 21 - un nouveau verra le jour en Seine Saint Denis en 2025. En Auvergne Rhône Alpes, c’est à Meyzieu, à côté de Lyon, qu’un bâtiment a été construit spécifiquement, en 2012, pour accueillir environ 200 jeunes de toute la région. 

Quels sont les principes qui guident l’accompagnement spécifique de ces centres ? Comment s’organise la vie des jeunes volontaires, comment les recruter ? Jean-Loïc PAYAN et Thania BODIN, de l’EPIDE de Meyzieu, nous en disent plus sur cet endroit pas comme les autres.

A qui s’adresse l’EPIDE de Meyzieu ?

Nous nous adressons à des jeunes âgé(e)s de 17 à 25 ans révolus, qui connaissent des difficultés dans leur parcours : parce qu’ils ont arrêté leurs études et sont sans emploi, ont peu ou pas de diplôme, ou connaissent d’importantes difficultés personnelles ou sociales. Certains d’entre eux sont réfugiés, ont eu des trajectoires éprouvantes. 

Nous leur proposons un cadre structurant et un accompagnement personnalisé. Ici, ils peuvent prendre du temps pour maturer leur projet professionnel, prendre soin d’eux-mêmes, trouver leur place dans le collectif, dans une dynamique positive d’insertion.

Concrètement, quelles sont les spécificités de la formule EPIDE ?

Comme les 20 - bientôt - 21 autres centres de France métropolitaine, nous accueillons les jeunes pour un contrat de volontariat renouvelable (jusqu’à 24 mois). Ce n'est pas un centre de formation ni une école, même s’il y a des cours de remise à niveau en français, maths, histoire et géographie.

Les jeunes volontaires à l’EPIDE sont en internat : c’est la première chose. Nous proposons une formule “en immersion”, loin des interférences du quotidien, pour que les jeunes puissent se concentrer à 100% sur eux-mêmes, leur projet. Certains restent même en internat le week-end. En même temps, évoluer dans un cadre collectif, avec des règles à respecter pour chacun et chacune, permet d’apprendre à être avec les autres et travailler son savoir être.

L’organisation et les valeurs sont d'inspiration militaire : l'EPIDE a été créé par le Ministère des Armées. Nous sommes attachés aux fondements de la République - Liberté, Égalité, Fraternité - que nous mettons à l'honneur lors des montées et descentes des couleurs. Les jeunes portent un uniforme toute l’année pour gommer les différences dans les situations professionnelles et sociales et créer un sentiment d’appartenance. Nous récompensons les mérites et réussites des volontaires lors d’une cérémonie hebdomadaire tous les vendredis : que ce soit la réussite du permis, de l’examen du code, une embauche par un Geiq, un stage… C’est important pour les jeunes de se sentir soutenus dans leurs efforts.

Ces valeurs sont pour nous inséparables du travail sur le savoir-être au sein de la communauté, qui est également un préalable à l’appropriation des codes d’usage de l’entreprise. C’est pourquoi, nous avons également des conseillers en citoyenneté, qui travaillent avec les jeunes sur ces notions, ainsi que sur des questions telles que “Qu’est ce qu'être citoyen ?” mais également sur la ponctualité, la politesse, le civisme…

Comment transmettez-vous ces valeurs au quotidien ?

De manière très concrète. Pour la ponctualité, par exemple, le rassemblement est à 8h. 8h, ce n’est pas 8h05 ou même 8h02. Les jeunes apprennent donc à se présenter à l’heure, c’est une habitude positive pour le monde professionnel.

Pour développer le sens civique et le respect de chacun, nous prévoyons un temps, à l’issue du petit déjeuner, pendant lequel chacun fait un petit quelque chose pour le collectif : cela peut être ramasser les mégots par terre, changer les sacs poubelle, balayer le self… Les volontaires participent régulièrement à des actions solidaires en lien avec des associations et partenaires.

Comment se compose l'équipe d'encadrement et quel est son rôle ?

Il y a actuellement environ 200 jeunes à l’EPIDE, avec des entrées et sorties régulières en fonction du parcours de chacun. Nous avons 7 groupes d’une trentaine de jeunes volontaires, encadrés par des professionnels, appelés “cadres”. Nous proposons des remises à niveau si besoin, mais elles font partie d’un ensemble plus large. Les cadres sont très présents, très investis dans leur mission. Chaque cadre contribue à sa façon dans l’accompagnement du jeune.

Pour chaque section, il y a :

  • des conseillers citoyenneté, qui rappellent les fondements de la République française, la démocratie, en travaillant avec les volontaires sur “C’est quoi être citoyen ?”
  • des moniteurs d’internat, qui encadrent et veillent sur les jeunes le soir. Ils ont un rôle pivot le soir notamment, car ils sont là dans les moments plus personnels, sont à l’écoute.
  • des conseillers en formation et insertion, en charge de la remise à niveau et de l’insertion professionnelle. Ils travaillent sur les freins, liés à la confiance en soi, le respect de soi-même et des autres, l’image de soi, les codes de l’entreprise à acquérir, et travaillent en partenariat constant avec nos partenaires.

Vous parlez de jeunes volontaires.
En quoi consiste le contrat de volontariat entre le jeune et l’EPIDE ?

Nous organisons des sessions de pré-admission plusieurs fois par mois, où les jeunes intéressés passent des entretiens de motivation et médico-social. Ce temps d’échange leur permet de mieux comprendre l’environnement dans lequel ils vont évoluer, le principe du contrat passé entre eux et l’EPIDE. S’ils sont intéressés, ils signent une convention de volontariat de 8 mois, renouvelable. En tout, le contrat peut durer 24 mois. 

Plus de 60% des sorties définitives sont des sorties vers l'emploi ou la formation. En tout cas, il n’y a jamais de fin sans solution. Ce qu’on leur demande, c’est d'être volontaires pour leur propre insertion. Ils savent où ils mettent les pieds.

Un exemple de parcours ?

Un jeune, qui n’était pas de nationalité française et arrivait juste en France, cumulait beaucoup de difficultés, liées aux épreuves qu’il avait vécu avant d’arriver et à son faible niveau en français. Il s’est accroché, a réussi à maîtriser tous les savoir-être requis pour évoluer dans le monde professionnel, a appris notre langue, a passé le code, le permis … Tout cela pendant les 24 mois passés avec nous. Aujourd’hui il travaille au service technique d’une commune de l’agglomération lyonnaise, il a sa propre voiture, son appartement. Il a même obtenu la médaille de bronze du dévouement pour avoir sauvé la vie d’une personne âgée. 

Comment définiriez-vous l’EPIDE ?

Nous sommes un peu comme une boîte à outils pour les jeunes : ils viennent y puiser ce dont ils ont besoin, au stade de parcours où ils en sont. C’est très concret. Par exemple, si un jeune a un problème de mobilité, nous pouvons donner un vrai coup de pouce financier pour l’aider à passer son permis. Entre son allocation et le soutien de l’EPIDE, il ne reste au jeune que 300 € de part de financement.

L’objectif est de trouver des solutions, avec eux, pour leur propre insertion, pour qu’ils reprennent confiance en eux. 

Le lieu lui-même joue beaucoup. Nous sommes à l’extérieur de la ville. Toute l’équipe encadrante est investie pour un accompagnement global et personnalisé, 24 heures sur 24. Nous organisons des ateliers pédagogiques, ludiques, il y a des salles de sport, de musique, une bibliothèque. Nous avons un terrain de foot, les jeunes peuvent également pratiquer l’équitation ou la boxe à la fin de la journée. Nous organisons des sorties culturelles, de découverte de l’entreprise… Notre objectif d’insertion professionnelle est toujours présent. 

Comment recrutez-vous ?

Nous avons 2 chargés de recrutement qui parcourent toute la région. Nous participons ou organisons différents événements dans l’année : journées découvertes de l’EPIDE, forums partenariaux, comme le Forum de l’Orientation et de la formation professionnelle organisé par la Mission Locale de Saint-Étienne en octobre 2023… Nous nous adressons également spécifiquement aux Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV). Depuis peu, nous organisons des stages d’immersion pour les jeunes (de 17 à 25 ans) issus de ces quartiers. L'objectif de ces stages :  créer une étincelle, contribuer à la prise de conscience du besoin de se mobiliser pour se construire un avenir et révéler son potentiel !

De manière générale, les partenaires sont un bon vecteur de recrutement : Missions locales, Pôle Emploi, ASE (Aide Sociale à l’Enfance), PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), les centres sociaux dans les quartiers, la JDC (Journée Défense et Citoyenneté)

Par ailleurs, nous sommes actifs sur les réseaux sociaux, principalement Instagram, Facebook, LinkedIn. 

Signe positif : 60% des recrues se font par le bouche à oreille, ce sont des anciens, frères, sœurs, cousins, qui forment un réseau d’ambassadeurs.

Quel est votre réseau de partenaires professionnels ?

Nous faisons beaucoup de prospection pour faire connaître le dispositif. Nous avons un réseau d’environ 200 entreprises partenaires dans des secteurs variés (bâtiment, travaux publics, restauration, industrie, commerces…), avec lesquels nous avons passé des conventions nationales ou régionales.

Par ailleurs, nous travaillons beaucoup avec les Geiq de la région, avec lesquels nous partageons le même objectif d'insertion pérenne pour les jeunes et d’accompagnement sur mesure… C’est un partenariat très naturel. 

D’ailleurs nous participons régulièrement aux forums Intergeiq, où l’on découvre de nombreuses entreprises qui recrutent. Nous participerons naturellement aux 3 Jours des Geiq 2024.

Qu’est ce que vous aimeriez dire aux recruteurs chefs d’entreprise ?

N’ayez pas peur de l’inconnu : en les côtoyant, vous réalisez que ces jeunes ont déjà travaillé sur eux-mêmes, sur leur savoir-être, qu’ils ont envie. Ça vaut le coup de leur donner une chance. 

De toute manière, les recruteurs sont souvent sensibles à la démarche volontariste du jeune issu de l’EPIDE, qui a accepté de faire des efforts pour son projet professionnel. Le fait d'être volontaire à l’EPIDE représente souvent une valeur ajoutée pour le jeune qui cherche un emploi. 

www.epide.fr