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Le blog Geiq
Auvergne-Rhône-Alpes

Geiq GESA, dans l’Allier : le développement multisectoriel depuis 1999

Publié le 30 mai 2023

Épouser les caractéristiques de son territoire, tout en restant inventif et adapté aux besoins du marché du travail : c’est le pari que relève Geiq GESA (Groupement d’entreprises Solidaires de l’Allier), installé au cœur de l’Allier, depuis 1999. Ce Groupement d’Employeurs pour l’insertion et la qualification, dirigé depuis ses débuts par Marie-Pascale CHABOT, a une vocation multisectorielle. Pour répondre encore mieux aux enjeux liés à la saisonnalité ou à la précarité, Geiq GESA s’est doté d’une structure partenaire, le Groupement d’Employeur ACTIVA, en 2006. Quelles sont les problématiques d’un Geiq multisectoriel ? Comment s’organise le fonctionnement d’un Geiq adossé à un Groupement d’Employeurs (GE) ? Quelles sont les solutions mises en place pour favoriser l’emploi dans un département majoritairement rural ? Marie-Pascale CHABOT, directrice, nous en dit plus.

Marie-Pascale, pouvez-nous nous présenter Geiq GESA et son fonctionnement ?

Geiq GESA a vu le jour en 1999, après une étude de faisabilité qui s’est avérée positive. Installés depuis le début à Saint Pourçain sur Sioule (Allier), notre mission est de proposer des contrats en alternance, aboutissant idéalement à une embauche, et ce dans tous les secteurs économiques : bâtiment, industrie, agriculture, thermalisme… La particularité des Geiq est d’organiser des parcours d’insertion et de qualification en entreprise, sur mesure, pour des personnes éloignées de l’emploi. Nous libérons l’entreprise des fonctions RH et paie en étant nous-mêmes l’employeur. Cette formule permet d’envisager à l’issue du contrat en alternance le recrutement de la personne formée dans des conditions optimales pour chacun.

MariePascale CHABOT et son équipe

En 2006, pour perfectionner notre fonctionnement et optimiser l’employabilité, nous avons créé un groupement d’employeurs (GE), appelé ACTIVA. Ce dernier permet à une personne qui a terminé un contrat en alternance dans le cadre du dispositif Geiq, d'être recrutée en CDD ou en CDI par le GE, le temps peut-être que l’entreprise dans laquelle cette personne a fait son contrat puisse l’embaucher. Nous avons commencé en 2006, lorsque des personnes en contrat d’alternance chez EDF n’ont pu être recrutées directement à l’issue de leur contrat. Nous les avons alors embauchées dans le groupement d’employeurs ACTIVA, pour qu’elles gardent un emploi, jusqu’à ce qu’un poste adéquat se libère chez EDF. Depuis nous fonctionnons régulièrement en binôme, pour permettre aux personnes dans ces situations de rester dans l’emploi. C’est particulièrement pertinent dans les cas de travail en saisonnalité. Nous essayons toujours de trouver des solutions pour favoriser des recrutements de qualité et pérennes.

Comment se structure le duo Geiq GESA / GE ACTIVA ?

Notre duo Geiq - GE compte une soixantaine de structures adhérentes, toutes issues de l’Allier (sauf une dans le Puy de Dôme). La répartition est d'une quarantaine pour le GE ACTIVA et 16 pour Geiq GESA.
Les 2 structures sont hébergées dans les mêmes locaux, 3 personnes font tourner les deux entités : moi-même, une personne chargée des Ressources Humaines et de la comptabilité, une troisième chargée de recrutement et de développement.

Nous envoyons tous les mois à nos adhérents une newsletter sous forme de Flash Info, comprenant des interviews de salariés, d’entreprises… pour maintenir un lien régulier avec eux et faire connaître le dispositif. Nous nous réunissons une fois par an pour l’Assemblée générale.

Témoignage de Jimmy AUBERTIN, en alternance BP restauration du patrimoine ancien chez Geiq GESA

Comment s’articule le travail du Geiq GESA avec les autres acteurs du département ?

Nous sommes installés dans l’Allier, un territoire qui n’a pas d’activité phare, donc nous privilégions une approche multisectorielle. Notre situation à Saint Pourçain sur Sioule nous permet d'être bien positionnés entre les trois pôles économiques que sont Vichy au Sud, Moulins au Nord et Montluçon à l’Ouest. Chacun étant assez éloigné des autres, cela nous permet d’avoir une place centrale et de rayonner entre chaque pôle.
Notre activité est en partie liée à la saisonnalité - thermalisme, agriculture, bâtiment… - donc la période hivernale est traditionnellement plus creuse, avec un regain d’activité à partir d’avril.
Nos principaux partenaires sont les Missions locales, Pôle Emploi et Cap Emploi. Nous sommes également en contact avec toutes les structures de Service pour l’Emploi (SPE), les SIAE (Structures d’Insertion et d’Accompagnement Économique) et les autres organismes d’accompagnement du territoire, que nous connaissons bien. Nous faisons également paraître nos offres via LinkedIn, Indeed…

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les recruteurs et comment y répondez-vous ?

Les principales difficultés de recrutement se comptent, selon moi, au nombre de 4 :

La mobilité

L’Allier est un département principalement rural. A la campagne, la mobilité est un vrai problème, certains n’ont pas le permis de conduire ou pas de véhicules. On travaille avec des organisations qui peuvent prêter ou louer des mobylettes, comme Mobil'Emploi, on essaie à chaque fois de trouver des solutions, mais parfois il y a un réel problème d’accessibilité.

Les problèmes économiques

Comme partout ailleurs, les entreprises ont souffert et souffrent encore : difficultés d’approvisionnement, inflation, un PGE (Prêt garanti par l’État) à rembourser… la période est compliquée pour certains, qui manquent de visibilité pour les prochains mois et se montrent donc frileux en matière d'embauches.

Le manque de compétences de certains candidats

C’est là où le dispositif Geiq prend tout son sens : si on ne trouve pas de personnes qualifiées on les forme, via l’alternance, pour qu’ils correspondent aux besoins des entreprises. On observe une évolution dans le type de contrats privilégiés par les entreprises : initialement, il y avait davantage de contrats de professionnalisation, actuellement ce sont plus des contrats d’apprentissage. Les entreprises adhérentes demandent plus de qualifications : CAP, bac, BTS…

La motivation

Dans certains secteurs, on a beaucoup de mal à trouver des candidats ; c’est particulièrement net dans l’agroalimentaire, l’industrie, le bâtiment… Le dispositif Geiq, pensé pour s’adresser à des publics éloignés de l’emploi, pas forcément formés ou compétents a priori mais potentiellement motivés par une démarche d’insertion par l’emploi, est une manière de contourner cette difficulté.
Depuis le Covid, de nouveaux candidats arrivent, comme des seniors en reconversion professionnelle, qui sont très motivés.

Échangez-vous avec d’autres Geiq ?

Nous échangeons principalement avec le Geiq EPI, dans le Puy de Dôme. On se connait bien, on se donne des coups de main, des informations. Nous contactons ponctuellement aussi d’autres Geiq, pour avoir leur retour d’expérience.

Quelle est votre plus belle réussite, votre principale frustration ?

Je dirais que notre plus belle réussite est d'arriver à obtenir des résultats lorsque cela semble compromis. Je repense à deux salariés avec qui j’ai cru que je n’y arriverais pas. Ils ne venaient pas aux rendez-vous ou n’étaient pas ponctuels, le tuteur de l’entreprise était à bout. Je ne les ai pas lâchés, faisant un suivi tous les 8 jours pendant 4 - 5 mois pour les cadrer, les remettre en piste. 

Depuis, tous les deux ont eu leur CAP, puis leur bac, ils visent maintenant un BTS. C’est une belle réussite.

Ou un salarié à qui j’ai du dire de mettre des vêtements propres car il n’était pas conscient que c’était important. Aujourd’hui il a un CDI.

Quant à ma principale frustration... Je repense au père d’un enfant en bas âge, qui arrivait saoul en entreprise. Je me suis battue pour trouver des solutions pour lui, mais il n’avait à ce moment-là pas envie de s’en sortir. C’était très frustrant.

A chaque fois ce sont des histoires humaines, où l’on fait confiance, on y croit. Parfois cela marche, parfois non et il faut l’accepter.

Quelle est votre motivation pour travailler dans un Geiq ?

Je travaille dans ce Geiq depuis 1999, j’ai œuvré à son développement, et il en faut, de la motivation, jour après jour ! Aujourd’hui je sens de l’inquiétude monter autour de nous : chez les entreprises, les candidats… le manque de visibilité économique actuel est très difficile à vivre. Et pourtant, il y a tant de choses à faire ! Il faut produire, il faut travailler pour avancer ! Et il faut de la motivation, malgré tout. Que ce soit pour les entreprises, pour les salariés comme pour nous, équipe du Geiq, la motivation est la clé.

Quel est selon vous le principal atout de la méthode Geiq ?

Avant tout la proximité avec les salariés : nous mettons en place pour chacune et chacun un suivi très régulier, basé sur un accompagnement tutoral mais aussi socio-économique : c’est très rassurant pour la personne et ça la motive : on croit en elle, on fait tout, avec elle, pour faire tomber les obstacles sur son passage, pour la réussite de son contrat. Chaque semaine je parcours des kilomètres pour voir les salariés sur leur lieu de travail ou de formation. Cet aspect humain est fondamental et précieux.

Pour plus d’informations sur Geiq GESA : groupementemployeursallier.fr